Jéromence et poésie.

Une horloge pour vous repérer !

La poésie pourrait être définie par un genre littéraire associé à la versification et soumis à certains codes d'écriture, variables selon les cultures et les époques.Cependant, elle est avant tout un moyen pour les auteurs d'exterioriser leurs pensées et leurs émotions, à travers des figures de style imagées présentes pour toucher le lecteur.

Les textes ont été considérés comme "poétiques" à partir de l'Antiquité, et la poésie subsiste jusqu'à nos jours. Cependant, les codes d'écriture poétique ont changé à travers le temps, et l'on remarque que la poésie n'a pas besoin d'être versifiée pour exister.

Ce texte de Baudelaire illustre très bien ces propos :

LE FOU ET LA VÉNUS

Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l’œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l’Amour.

L’extase universelle des choses ne s’exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c’est ici une orgie silencieuse.

On dirait qu’une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l’azur du ciel par l’énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l’astre comme des fumées.

Cependant, dans cette jouissance universelle, j’ai aperçu un être affligé.

Aux pieds d’une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l’Ennui les obsède, affublé d’un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l’immortelle Déesse.

Et ses yeux disent : — « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire ! »

Mais l’implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

En effet, ce poème qui pourrait être considéré comme un simple texte en prose ne l'est pas. Baudelaire nous offre de nombreuse figures de style avec notamment "l'oeil de brûlant du soleil", "les eaux elles-mêmes sont comme endormies", "les fleurs excitées" et un langage poétique, qui n'est pas commun. De plus, les paragraphes structurent le texte comme un poème avec ses strophes de vers : il nous offre donc un poème.

On pourrait donc dire que la poésie se définit par des textes imagés, et comme l'a dit Quignard "c'est se pencher sur le langage avec un soin particulier".

Poésay.